De tous temps, l’homme a essayé de copier les Dieux, souvent magnifiquement représentés, ou tout du moins s’en approcher, en essayant d’aller vers la perfection. Essayons de voir et comprendre cette course aux muscles.
Le Bodybuilding ou le Culturisme ?
Pour répondre à la question du titre, le Bodybuilding est le nom de cette discipline qui vient directement des USA tandis que le Culturisme est la traduction française. C’est qu’une question de mots car les deux dénominations définissent le même sport. Quoique… En fait, pour certains le Culturisme se rapproche plus d’un art tandis que pour ces mêmes détracteurs, le Bodybuilding est plus grossier, plus « viandard » ! Le débat est ouvert !
Définition du Bodybuilding
Pour moi, la définition c’est aussi le « comment ça fonctionne » : c’est l’action de réaliser des exercices de soulevés, de tirages ou de poussées avec des poids en contrainte. Ces exercices sont pratiqués en isolation, c’est a dire que l’on travaille un groupe musculaire l’un après l’autre ce qui a pour but de « casser » de la fibre musculaire.
Notre corps est bien fait puisqu’il répare ce qui est cassé mais pas simplement car il refait plus de fibres qu’à l’origine comme par sécurité. c’est ce qui crée l’hypertrophie musculaire !
L’importance de l’apport en nourriture est primordiale, puisque certains aliments mangés sont utilisés pour la reconstruction.
Autre importance : le sommeil, car c’est quand on dort que le corps se régénère… d’où l’importance de bien dormir !
L’évolution du Bodybuilding
Les Grecs
Les premières statues, les premières représentations, les premiers textes qui relatent la musculature des hommes nous viennent de la Grèce Antique. La force grandissante de l’homme à cette époque, travaillée dans des gymnases, bien loin de nos salles actuelles, lui conférait un respect à l’image des Dieux. On citera bien sur Hercule comme héros de la mythologie, célèbre pour sa musculature quasi parfaite synonyme de force.
Encore aujourd’hui les critères de la plastique de ces demi-Dieux sont encore une référence dans le domaine du Bodybuilding pour atteindre la perfection.
Les Egyptiens
Un autre peuple s’est fait remarquer dans le domaine de la force : ce sont les Egyptiens, qui à leur apogée ont construit des ouvrages totalement hors normes comme la Grande Pyramide. Cela nécessitait de la part des esclaves de l’entrainement physique, une nourriture adaptée à l’effort et du sommeil. On retrouve dans leurs peintures les traces de ces entrainements et ce dès le jeune âge des individus, destinés à servir le Pharaon aussitôt que la force et l’endurance étaient suffisantes. A noter que ce peuple est à l’origine de certains sports encore pratiqués de nos jours !
Le respect de l’esclave et de sa forme physique était très important car il fallait conserver les bâtisseurs en bonne santé le plus longtemps possible.
Les Hindous
Très grand peuple aussi qui ont su développer leur corps et leur musculature dès les années 1100.
En effet, ils avaient une culture de la pierre taillée très impressionnante leur permettant d’ « usiner » des objets proches des haltères pour accélérer l’hypertrophie que certains recherchaient comme dans le domaine de la lutte, en vogue à cette époque, et les guerriers qui avaient compris que la force alliée à une musculature imposante représentaient un gage de réussite notoire.
<l’arrivée des colons Anglais ont mis un coup de frein à tout ça et ont imposé leur culture notamment dans le domaine du sport avec comme par exemple le cricket.
Le début du XIXème jusqu’à la crise de 29
Rien de marquant depuis les pionniers dont on vient de parler. Certes les hommes ont continué à soulever, à tirer, à lever mais sans soucis d’esthétisme. En effet, certains telles des bêtes de foire avec des ventre énormes se distinguaient par leur force et se trouvaient plus près des physiques d’haltérophiles que des statues grecques.
C’est avec Eugène Sandow, et ses muscles bien définis, sa symétrie complétés par une force plus que normale, que ce dernier a posé les premiers jalons du Culturisme moderne. L’invention de certains concours prônant la définition des corps, comme par exemple en 1891 par les premiers Championnats du Monde puis en 1896 les Jeux Olympiques à Athènes. Grace à ces évènements, la musculation basique était née !
C’est l’année 1901 qui retient mon attention avec l’apparition de la statuette, bien connue de nos jours à l’image d’Eugène Sandow. Statuette officielle de Mr Olympia ! C’est un certain Murray qui gagne cette première compétition de Culturisme nommé « The Great Show » avec un succès auprès du public Londonien très important.
Il apparaît alors une course au matériel pour encore plus de résultats sur le corps des athlètes. Sandow sur sa lancée publie un ouvrage sur « comment augmenter sa masse musculaire » en l’accompagnant de ce qu’on pourrait appeler des élastiques, ainsi que des appareils à poulies et des haltères.
Les choses avancent aussi en France avec l’apparition du premier gymnase digne de ce nom grâce à H Triat, en 1849, génial inventeur de toute une gamme de matériel dont les bases sont encore utilisées de nos jours. Puis c’est E Desbonnet qui met au point des techniques d’isolation des muscles lors des entrainements. Il ouvre même une école où il enseigne ces bases : en 1899, Lille, puis Paris dans la foulée. Le succès est immense et il ouvre des salles de culture physiques avec des gens formés pour guider le novices. Une chaine de salle avec coachs était née !
Un détour par les States pour marquer l’année 1904 et le premier concours de Culturisme à New York. Et là c’est le départ pour une discipline à part entière qui va gagner ces lettres de noblesse : le Bodybuilding. En effet, on ne compte plus les journaux, les méthodes, l’invention de matériels plus fous les uns que les autres, toujours pour plus de résultats ! La publicité joue son rôle à fond en montrant pour la première fois les résultats « avant / après » grâce à une méthode prônée par Mac Fadden …
Le Bodybuilding des 30’s aux 70’s : période bénie !
Un changement notoire de la vision de ce sport inclassable apparait. Des années 30 aux années 40, les Bodybuilders ne cherchent plus la force, ni la puissance à outrance mais privilégient la « plastique du corps ». Ce changement des mentalités va perdurer et les techniques de nos jours s’en inspirent encore.
Les Américains vont même jusqu’à ajouter des compétitions de Bodybuilding aux concours liés aux sport de force pour satisfaire l’engouement pour la discipline en plein essor. On pourra noter en 1939 le premier Mister America qui se déroulera tous les ans par la suite.
La multiplication des revues spécialisées permettent à n’importe qui de connaître les nouvelles méthodes d’entrainement, comment se nourrir et idolâtrer les premières grandes figures du Body d’avant guerre.
Justement ce sont le début des années 40 qui marquent une cession entre les sports de force (comme l’haltérophilie) et le Bodybuilding. Les premiers montrant d’un doigt moqueur les « Cultos » comme on les appelle, car ils dénoncent la « gonflette » au détriment de la force noble !
Le divorce est donc consommé entre les deux camps, ce qui mène à la création de l’IFBB (Fédération Internationale de Bodybuilding) par les Weider’s brothers dans le milieu des années 40. C’est la première fédération qui va se professionnaliser. Cette dernière va reprendre le Mister América lui donnant une dimension jamais atteinte !
Puis l’année 1950 voit la création d’un autre grande Fédération, elle aussi bien présente de nos jours : la NABBA. Elle marquera à jamais le monde de la compétition en créant en 1965 le fameux Mister Olympia, une référence encore actuellement !
Les années 50 et 60 ne changeront rien au développement de la discipline, bien au contraire ! En effet, des lieux deviennent culte comme Venice Beach ou Muscle Beach en Californie où l’on voit des athlètes et des moins connus mais bien introduits dans le milieu… exécuter des entrainements aux haltères et aux machines sur une plage avec en fonds la mer bleue. C’est aussi la période où des films mettent en avant des acteurs inconnus mais très reconnus dans le Bodybuilding, comme par exemple le film « Hercule » avec le grand Steve Reeves. D’autres suivront de la même façon.
Il est à noter les progrès des techniques d’entrainement pendant les années 60 et 70, l’amélioration de l’alimentation. On commence à se pencher sérieusement sur les bienfaits des compléments alimentaires. Aussi, les dérives vers des produits de développement ou de récupération d’origine pharmaceutique, encore inconnus, ou destinés au soin du monde animal apparaissent, mais cela reste encore très marginal.
Les compétitions se multiplient, comme le titres qui vont avec, et la reconnaissance mondiale pour certains athlètes :
1965 et 1966 : Mr Olympia (IFBB) consacre Larry Scott,
1967, 1968 et 1969 : Sergio Oliva, avec une masse musculaire jamais atteinte (quasiment 110 kg) survole ces trois sessions de Mr Olympia. On noter la seconde place d’un certain Arnold Schwarzenegger…
1970 à 1975 ainsi que 1980 : Arnold remporte 6 fois Olympia, ainsi est créé le mythe « Arnold » !
Les films « musclés » vont sortir à tour de bras (sans jeu de mots). Et il n’y a pas que l’athlète qui monte sur la plus haute marche du podium qui va profiter de cette déferlante. En effet, Lou Ferrigno entre autres sera le fameux Hulk pendant plusieurs saisons, d’autres apparaitront dans des séries, des reportages, dans la presse spécialisée… C est réellement la glorification de la plastique du corps !
La fin des années 70 sont a la fois très porteuse pour le Bodybuilding, le reconnaissant comme un sport à part entière avec un succès mondial avec des millions d’adeptes et le brassage de milliards de dollars, et d’un autre côté, des fédérations qui se brisent et qui disparaissent à cause d’un phénomène que le sport a du mal à cacher : le dopage.
Malgré tout, l’IFBB reste la plus grande Fédération dans le Bodybuilding.
Des 80’s à nos jours
On pourrait la résumer en une phrase : la course à la masse musculaire ! En effet ça se voit dans les compétitions avec les années qui passent, les athlètes reviennent l’année suivante encore plus massifs, plus définis et certains arborent une longévité exceptionnelle se présentant plusieurs fois de suite et restent toujours au top. Voyons, preuve à l’appui, avec les gagnants de Monsieur Olympia :
1977 et 1978 : Frank Zane fait le doublé
1979 : Mike Mentzer est consacré dans la catégorie reine des lourds puis les 3 ou 4 années qui ont suivi ont vu la généralisation des poids lourds souvent de petites taille sans remarquer réellement un physique qui sorte du lot.
1984 à 1991 : la statuette revient à Lee Haney et la remporte à 8 reprises
1992 à 1997 : une légende du Bodybuilding rafle le prix 6 fois. Dorian Yates est d’un autre monde, tout du moins c’est ce que l’on dit quand on le voit avec ses 122 kg secs et définis.
1998 à 2005 : on pensait avoir tout vu ! Eh bien non, Ronnie Coleman rebat les cartes et sort un physique dément ave 135 kg et gagne Olympia 8 fois. On pense avec sa stature qu’ il n’y a plus de limite !
2006 à 2010 : c’est le retour un peu plus dans la normalité, si on peut parler de normalité à ce niveau, et c’est Jay Cutler qui s’impose avec ses 125 kg. Il sera néanmoins stoppé en 2008 par Dexter Jackson qui gagnera grâce à un physique hyper découpé et une taille plus petite créant l’illusion.
2011 à 2017 : un physique hyper travaillé, préparé comme jamais, plus léger avec « seulement » 115 kg, c’est Phil Heat tout en équilibre qui prend les titres de Mr Olympia 7 fois !
2018 : Phil Heat perd son titre et n’atteint que la deuxième marche : Shawn Rohden prend la première place avec ses 43 ans dépassés, faisant de lui le plus âgé à ce niveau.
2019 : changement ! et c’est une nouvelle génération qui prend le relais et cette fois avec Brandon Curry qui atteint la marche ultime. Certains disent que l’absence des deux derniers vainqueurs ont pu jouer. Néanmoins sa forme était exceptionnelle !
2020 : C’est très disputé et c’est un Égyptien Mamdouh Elssbiay surnommé« Big Ramy » qui coiffe un très beau panel de concurrents.
2021
Ne cherchez pas comme j’ai pu chercher… L’année COVIDE a empêché toute compétition, parmi les plus grandes comme celle simplement associative.
2022
Une fois de plus c’est un classement totalement inattendu qui a lieu. On attendait entre autres encore Big Ramy, mais il ne dépassera pas la 5ème place ! C’est un Iranien Hadi Choopan qui surprend quasiment tout le monde et qui empoche les 400000$ devant Derek Lunsford, Nick Walker et un certain Brandon Curry.
Rendez vous en 2023 à Las Vegas pour une nouvelle édition.
L’apparition des stéroïdes anabolisants
Je ne vais pas épiloguer trop longtemps sur ce thème car on aura l’occasion, plus en profondeur, d’aborder le sujet. C’est surtout par rapport à la période 90 – 2010 que je ferai un commentaire.
En effet, sans être un fin connaisseur, il suffit juste de regarder les physiques des champions voire même de ceux qui ne sont pas trop dans la lumière des projecteurs pour se rendre compte des gabarits surhumains qui se présentent en compétition. Des poids jamais atteints, à faire grincer les balances, sont dévoilés en faisant rêver certains et en faisant peur à d’autres. C’est la période ou l’hormone de croissance est à son apogée mais son utilisation se dissimule très mal. Car les ventres ronds se multiplient (preuve indéniable) et même Arnold Schwarzenegger prône un retour vers des physiques avec des abdominaux plus plats.
Ces 10 dernières années, les stéroïdes anabolisants sont toujours d’actualité voire même encore plus qu’avant car la recherche pharmaceutique n’a jamais autant avancé. Les progrès sont fulgurants et les protocoles, très couteux pour les champions et destinés à une certaine catégorie, ils sont de plus en plus étudiés en fonction de l’individu, sa morphologie et sa génétique. On est à l’aire du « sur mesure », même dans ce domaine ! Mais pour Monsieur et Madame « tout le monde », je rappelle que le jeu n’en vaut pas la chandelle car outre les risques connus liés à ces produits, seuls les athlètes qui arrivent à ces niveaux doivent trouver une parade pour dépasser ce que donne la nature. Regardez autour de vous à la salle par exemple celles et ceux qui en sont là… Il n’y en a pas ! La marge de progression est encore énorme sans avoir besoin de tricher !
Alors fini les « gros cultos » d’une époque. Dorénavant c’est l’esthétique, la qualité, la symétrie qui priment…